ESCCAP France a organisé à Lyon, le 23 novembre 2024, pendant AFVAC le Congrès, un module réunissant acteurs de la santé humaine et de la santé animale autour d'un sujet d'actualité : la borréliose de Lyme.
Merci à l'AFVAC d'avoir offert cette opportunité à notre association.
Vous trouverez ci-dessous le replay des conférences ainsi que celui de la table ronde. A voir ou à revoir !
- La borréliose de Lyme chez les carnivores domestiques : incidence et diagnostic
- La borréliose de Lyme chez l’Homme : ambiguïtés cliniques et diagnostiques
- Incidence de la représentation sociale de la borréliose de Lyme dans la prise en charge médicale
- Borréliose de Lyme : table ronde
La borréliose de Lyme chez les carnivores domestiques : incidence et diagnostic
- Luc Chabanne, Docteur-Vétérinaire, Professeur en médecine interne, VetAgro Sup Lyon.
La borréliose de Lyme chez les carnivores domestiques : incidence et diagnostic
Luc CHABANNE, Vetagro Sup-Campus Vétérinaire de Lyon, Lyon France
Introduction
La maladie de Lyme est causée par des bactéries du genre Borrelia transmises par piqure de tiques du genre Ixodes. L'essentiel des données disponibles sur la maladie chez le chien se réfère à l'infection par l'espèce B. burgdorferi sensu stricto en Amérique du Nord alors que d'autres espèces prédominent en Europe (B. afzelii et B. garinii).
La distribution géographique de la maladie est étroitement liée à celle de son vecteur, Ixodes ricinus en France (et plus largement en Europe occidentale). Un risque élevé d'infection chez l'humain ou chez l'animal n'est pas toujours corrélé positivement avec la densité des tiques sur le terrain et leur taux d'infection. En l'absence de données d'épidémio-surveillance chez le chien, il peut être utile de se référer aux données publiées pour l'humain afin de mieux évaluer le risque relatif dans la région considérée.
Chez le chien, 95% des individus exposés demeurent asymptomatiques et le nombre de cas bien documentés est faible, en particulier en Europe. L'expression clinique est tardive, dominée alors par une atteinte articulaire. Le diagnostic repose principalement sur un faisceau d'arguments épidémiologiques, cliniques, sérologiques (anticorps dirigés contre le peptide C6) et thérapeutiques. La thérapeutique s'appuie sur une antibiothérapie à base de doxycycline
Diagnostic
La preuve d'une exposition à l'agent pathogène est basée sur une exposition à des tiques du genre Ixodes dans une région connue d'endémie de maladie de Lyme et par le résultat positif d'un test diagnostique.
Tests directs
Les tests directs sont difficilement utilisables en routine. Les méthodes PCR peuvent être utilisées pour rechercher B. burgdorferi, et permettre la détermination de l'espèce en cause. Toutefois, la PCR n'a d'intérêt que pratiquée à partir d'un prélèvement suffisamment riche en tissu conjonctif et provenant d'une lésion organique. L'absence de lésions cutanées caractéristiques chez le chien n'autorise pas le recours aux PCR sur biopsie cutanée utilisée chez l'Homme pour le diagnostic (de la phase primaire).
Sérologie
La sérologie peut être envisagée.
- Au laboratoire, par une technique d'immunofluorescence ou ELISA. Toutefois, IF ou ELISA souffrent d'un manque de spécificité qui implique le recours à l'immuno-empreinte (ou Western blot) pour confirmation des résultats positifs ou douteux.
- Au chevet du malade : un test rapide (SNAP 4Dx®, Laboratoire IDEXX) permet une sérologie qualitative basée sur la recherche des anticorps dirigés contre le peptide C6 (peptide synthétique reproduisant un motif antigénique de la région VslE d'une protéine de surface de B. burgdorferi).
Lors de résultat positif, une sérologie quantitative est fortement recommandée afin de suivre la réponse au traitement. Les anticorps anti-C6 apparaissent plus précocement après l'infection par comparaison aux anticorps détectés par les techniques IF ou ELISA classiques (au bout de 3 semaines, versus 4 à 6 semaines pour les techniques classiques). Ils ne présentent pas de réactions croisées avec les anticorps d'origine vaccinale et leur concentration diminue fortement après la mise en place d'un traitement spécifique. Toutefois, malgré leur spécificité, la présence d'anticorps anti-C6 n'est pas corrélée à l'apparition de signes cliniques.
NB : les Bouviers Bernois présentent une séropositivité accrue en comparaison des autres races, mais cela n'est pas associé à un risque de maladie plus important.
Conclusion
La borréliose de Lyme chez le chien se détache de l'affection humaine en raison de la pauvreté des signes cliniques comparés aux tableaux cliniques chez l'humain et des atteintes rénales non décrites en médecine humaine. Le diagnostic de certitude s'appuie sur l'exclusion des autres causes induisant un tableau clinique voisin, ainsi que des arguments épidémiologiques et sérologiques. La sérologie fait appel à la détection des anticorps dirigés contre le peptide C6 et nécessite un suivi du titre en parallèle de la mise en place du traitement. La lutte contre les vecteurs demeure une étape essentielle dans le cadre de la prévention. Une vaccination peut être envisagée dans les zones à risque.
Bibliographie
1. Chabanne L, René-Martellet M. Maladie de Lyme chez le chien : Mise à jour des points clefs. Point Vét. 2023, N°446 (octobre 2023).
Liens d’intérêts : Pas de lien d’intérêt déclaré.
La borréliose de Lyme chez l’Homme : ambiguïtés cliniques et diagnostiques
- Nathalie Boulanger, Docteur en Pharmacie, Centre National de Référence Borrelia de Strasbourg.
Incidence de la représentation sociale de la borréliose de Lyme dans la prise en charge médicale
- Costanza Puppo, Docteur en Psychologie, Université Lumière, Lyon II.
Borréliose de Lyme : table ronde
- Intervenants : Nathalie Boulanger, Docteur en Pharmacie, Centre National de Référence Borrelia de Strasbourg ; Luc Chabanne, Docteur-Vétérinaire, Professeur en médecine interne, VetAgro Sup Lyon ; Costanza Puppo, Docteur en Psychologie, Université Lumière, Lyon II.
- Modérateurs : Gilles Bourgoin, DV, Maître de conférences en parasitologie, VetAgro Sup Lyon ; Magalie René-Martellet, DV, Maître de conférences en parasitologie, VetAgro Sup Lyon.