Petits strongles dans les crottins
Petits strongles dans les crottins d’un cheval. © ESCCAP
 

Les parasites

Les petits strongles sont présents partout en Europe et aucun élevage équin n'y échappe. On les appelle aussi cyathostomes (et anciennement trichonèmes).

Les adultes mesurent entre 1 et 2 cm et vivent dans le gros intestin. Ces adultes, ainsi que certains stades larvaires, sont parfois observables dans les crottins. Ils ont une couleur rouge caractéristique.

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Cyathostomes dans les crottins d'un cheval. © A. Meana

Cycle de vie

La contamination a lieu essentiellement en pâture. Les parasites adultes vivent dans le tube digestif. Les femelles pondent des œufs qui sont ensuite éliminés dans le milieu extérieur, dans les crottins. Les œufs libèrent des larves qui poursuivent leur développement dans l'environnement jusqu'à atteindre un stade infestant. Ces larves infestantes sont ensuite ingérées par les chevaux lorsqu'ils broutent l'herbe contaminée.

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Les larves infestantes ingérées s'enkystent alors dans la muqueuse du tube digestif pendant une durée de 1 à 2 mois, avant de se transformer en adultes libres dans l'intestin. Ces kystes larvaires apparaissent comme des nodules rouges au sein de la muqueuse digestive.

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Petits strongles enkystés dans la muqueuse intestinal d'un cheval. © ESCCAP

Le phénomène d'hypobiose

En général, les larves restent enkystées dans la muqueuse digestive pendant quelques semaines. Mais en hiver, un phénomène d'hypobiose est possible : les larves restent enkystées beaucoup plus longtemps, jusqu'à la belle saison. Cette hypobiose a pour conséquences l'accumulation de kystes larvaires dans la muqueuse de l'intestin et une réactivation simultanée au retour des beaux jours. C'est cette réactivation massive et synchronisée qui est à l'origine des signes de maladie les plus graves.

Parasitisme : conséquences et diagnostic

D'une manière générale, l'infestation par les petits strongles n'a pas beaucoup d'incidence sur la santé des chevaux. Certains animaux peuvent cependant montrer une baisse de forme, un amaigrissement et une diarrhée lors d'infestation importante. Il faut dire qu'il existe plus de 40 espèces de cyathostomes chez le cheval, et qu'un animal peut être infesté simultanément par plusieurs d'entre elles (parfois plus de 10 !).

Le risque majeur est celui appelé "cyathostomose larvaire". Il correspond à la reprise du développement d'un très grand nombre de larves enkystées suite au phénomène d'hypobiose. Cela se traduit par une atteinte importante de la muqueuse digestive, avec diarrhée, perte de poids, fièvre, et éventuellement coliques. La mort de l'animal est possible. Cette cyathostomose larvaire concerne surtout les jeunes chevaux (moins de 7 ans).

Comment savoir si un cheval est contaminé par les petits strongles ?

L'observation de vers de couleur rouge dans les crottins signe la présence de petits strongles. Mais très souvent, le diagnostic nécessite la recherche des œufs au microscope dans les crottins (coproscopie).

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Œufs de strongles dans les crottins, vus au microscope. © ESCCAP

Attention, il n'est pas possible de faire la différence entre les œufs de grands strongles (lien vers l'article) et les œufs de petits strongles. Seule la mise en culture de ces œufs, réalisée en laboratoire spécialisé et qui permet d'obtenir des larves, peut aboutir à un diagnostic définitif.

Or faire la distinction entre grands et petits strongles est important : lorsqu'un élevage a opté, afin de réduire les risques de résistance aux vermifuges, pour une vermifugation sélective, la vermifugation des chevaux n'ayant que peu d'œufs de strongles dans les crottins n'est pas systématique. C'est un bon choix lorsqu'il s'agit de petits strongles, mais potentiellement dangereux lorsqu'il s'agit de grands strongles.

Autre problème : il n'y a pas de lien établi entre le nombre d'œufs présents dans les crottins et la quantité de parasites présente dans le tube digestif du cheval. Il est même possible de ne trouver aucun œuf malgré un très grand nombre de petits strongles dans l'intestin de l'hôte !

Traitement et prévention

Les petits strongles sont de plus en plus résistants aux vermifuges. Une molécule qui fonctionne encore dans un élevage ne sera peut être pas efficace dans un autre. C'est pourquoi la lutte contre les petits strongles ne se fait plus d'une manière aussi systématique que par le passé.

  • Le protocole de vermifugation des chevaux contre les petits strongles doit être réfléchi. La molécule à utiliser sera prescrite par le vétérinaire, et il est préférable de tester son efficacité par la réalisation d'un examen des crottins non seulement avant, mais aussi après la vermifugation.
  • Une vermifugation tous les trois mois est conseillée pour les chevaux de moins de 2 ans.
  • Pour les chevaux plus âgés, deux vermifugations par an sont en général suffisantes. Pour les chevaux de moins de 4 ans, et vu la gravité potentielle de la cyathostomose larvaire , il est conseillé de pratiquer une vermifugation systématique en fin de saison de pâture, à l'aide d'une molécule active contre les formes larvaires.
  • L'idéal est de mettre en place un plan de vermifugation stratégique. Il permet de ne traiter que les chevaux qui en ont besoin, et de limiter le risque d'apparition de résistance. La vermifugation stratégique nécessite la réalisation d'examens coproscopiques réguliers, et n'est, par sécurité, applicables qu'aux chevaux adultes et uniquement dans le cadre de la lutte contre les petits strongles.

Une réduction du risque de contamination est possible en retirant les crottins des pâtures et en évitant le surpâturage qui favorise l'ingestion de végétaux souillés.