Le parasite
La grande douve (Fasciola hepatica) est un parasite qui vit dans le foie, plus précisément dans les canaux biliaires. C'est un parasite fréquent des ruminants domestiques (bovins, moutons…) mais aussi des herbivores sauvages comme le ragondin.
La contamination par la grande douve (appelée fasciolose) est considérée comme rare chez le cheval, mais pourrait être plus fréquente qu'on ne le pense dans certaines régions où l'environnement est favorable au parasite. En effet, le cycle de vie de la grande douve nécessite un milieu humide, la présence d'un petit escargot (la limnée) et la contamination du milieu par des espèces réservoirs (ruminants, ragondins...). Les chevaux vivant en milieu humide proche de troupeaux ou d'animaux sauvages contaminés sont donc particulièrement exposés.
A noter que l'infestation humaine par la grande douve est possible.
Cycle de vie
Le cycle de vie de la grande douve nécessite deux hôtes : l'hôte définitif (ruminants, mamifères sauvages, cheval…) et un hôte intermédiaire, la limnée Galba truncatula. Celle-ci vit en milieu aquatique, c'est pourquoi la maladie n'atteint que les chevaux élevés en milieu humide.
Les œufs du parasite sont disséminés dans l'environnement via les déjections des animaux contaminés. Leur développement jusqu'à la forme infestante (métacercaires) se fait en milieu aquatique et passe obligatoirement par une limnée de l'espèce Galba truncatula. Les chevaux se contaminent en ingérant des plantes aquatiques sur lesquelles se sont fixées les métacercaires. Il en est de même pour les humains, qui, par exemple, peuvent se contaminer en mangeant du cresson ou des pissenlits.
Une fois ingéré par les chevaux, le parasite traverse la paroi de l'intestin, migre à travers le péritoine et le tissu hépatique et poursuit son développement jusqu'au stade adulte dans les canaux biliaires. Cependant, les chevaux semblent posséder une résistance naturelle à la grande douve et les larves n'atteignent que rarement le stade adulte dans l'espèce équine.
Parasitisme : conséquences et diagnostic
Dans la plupart des cas, l'infestation des chevaux par la grande douve passe inaperçue. Bien que la présence des parasites dans le foie puisse être à l'origine de lésions inflammatoires chroniques, celles-ci ont rarement des conséquences visibles. Mais il arrive que certains chevaux expriment la maladie. Elle se traduit alors par une baisse d'appétit, une perte de poids et de l'anémie.
Comment savoir si un cheval est contaminé par la grande douve ?
- En recherchant des œufs de douve au microscope dans les crottins (coproscopie) : c'est la technique diagnostique de référence. Malheureusement elle est peu fiable car, chez le cheval, la ponte est inconstante. Si des œufs de douve sont visibles à l'examen, on peut être certain que l'animal est parasité ; s'il n'y en a pas, il n'est pas possible de conclure.
Œuf de grande douve observé au microscope. © Alan R Walker, licence Creative Commons
- En analysant les paramètres sanguins évaluant le bon fonctionnement du foie : ils peuvent être perturbés, mais ce n'est pas toujours le cas, et ce n'est absolument pas caractéristique d'une fasciolose.
- En réalisant des tests sanguins spécifiques : ceux-ci existent chez les ruminants, mais ne sont pas directement utilisables pour le cheval. Cette méthode diagnostique prometteuse n'en est qu'au stade expérimental chez les équidés.
Traitement et prévention
La grande douve n'est sensible à aucun des antiparasitaires actuellement commercialisés pour le cheval. Il est nécessaire d'utiliser des vermifuges conçus pour d'autres espèces, avec de grandes précautions, certains d'entre eux étant toxiques pour les équidés. En cas de diagnostic ou de forte suspicion de fasciolose chez un cheval, le traitement devra être prescrit et réalisé par un vétérinaire.
En prévention, on évitera de placer les chevaux dans des zones humides, surtout s'il y a des ruminants à proximité ou qui y ont préalablement stationné.