Les parasites
Les grands strongles sont les parasites intestinaux les plus dangereux pour le cheval. Les vers adultes mesurent quelques centimètres et vivent dans le gros intestin, avec la plupart du temps peu de conséquences pour l'hôte. Ce sont leurs larves qui représentent le plus grand risque, car elles migrent à travers divers organes et peuvent y créer des lésions importantes.
Sont regroupés sous le terme "grands strongles" 3 espèces de parasites : Strongylus edentatus, Strongylus equinus et Strongylus vulgaris. Elles se différencient non seulement par le nombre de dents que comporte leur capsule buccale, mais aussi par leur cycle de vie qui présente quelques différences.
Capsules buccales des 3 espèces de Strongylus. © ESCCAP
Cycle de vie
Les vers adultes vivent dans l'intestin. Les femelles pondent des œufs qui sont éliminés avec les crottins. Les œufs libèrent des larves qui poursuivent leur maturation dans le milieu extérieur. Ces larves sont ensuite ingérées par les chevaux en pâture.
Une fois ingérées, les larves infestantes traversent la paroi intestinale et migrent dans divers organes : le mésentère et les artères mésentériques pour S. vulgaris, le foie et les régions pancréatiques et rénales pour S. equinus, le foie et le péritoine pour S. edentatus. Ces migrations sont à l'origine de lésions organiques, de thrombose des vaisseaux (bouchons formés par des caillots), de fragilisation de la paroi avec risque de rupture d'anévrisme. Ce n'est qu'à l'issue de cette migration que les larves regagnent le tube digestif et deviennent des adultes.
Larves de grands strongles en localisation artérielle. © ESCCAP
Le cycle complet est relativement long : de 6 mois à 1 an en fonction de l'espèce de Strongylus.
Parasitisme : conséquences et diagnostic
La présence de grands strongles adultes dans le tube digestif des chevaux passe souvent inaperçue. Cependant, lorsque les parasites sont en très grand nombre, leur action agressive contre la muqueuse intestinale (ils la broutent littéralement) peut être à l'origine d'une baisse de forme, d'anémie, de troubles digestifs.
La migration larvaire peut, elle, avoir des conséquences graves, surtout en ce qui concerne S. vulgaris dont les larves migrent via les artères mésentériques (artères intestinales). En perturbant la circulation sanguine et en altérant la paroi des vaisseaux sanguins, ces larves peuvent être à l'origine de coliques graves, pouvant nécessiter l'ablation d'une partie des intestins (avec un risque de mortalité élevé), de la formation d'anévrismes (fragilisation de la paroi des artères avec risque de rupture brutale), mais également, par perturbation de l'irrigation sanguine d'autres organes, de boiteries (boiteries à chaud), de dysfonctionnement rénaux ou cardiaques...
La migration des larves de S. edentatus et de S. equinus est moins impactante pour les chevaux : douleur abdominale transitoire, coliques sourdes, baisse de l’état général. Cependant, les larves de ces parasites peuvent également être à l'origine d'une péritonite grave.
Comment savoir si un cheval est contaminé par les grands strongles ?
Les grands strongles adultes mesurent quelques centimètres de long et sont de couleur gris-brun. Il est parfois possible de les observer dans les crottins, mais l'examen de choix est la recherche d'œufs au microscope (coproscopie).
Œuf de strongle dans les crottins, vu au microscope. © F. Beugnet
Cependant, l'observation d'œufs de strongles dans les crottins ne suffit pas à savoir s'il s'agit d'une contamination par les grands ou par les petits strongles, leurs œufs ayant un aspect identique. Seule la mise en culture de ces œufs, réalisée en laboratoire spécialisé et qui permet d'obtenir des larves, peut aboutir à un diagnostic définitif.
Or faire la distinction entre grands et petits strongles est important : lorsqu'un élevage a opté, afin de réduire les risques de résistance aux vermifuges, pour une vermifugation sélective, la vermifugation des chevaux n'ayant que peu d'œufs de strongles dans les crottins n'est pas systématique. C'est un bon choix lorsqu'il s'agit de petits strongles, mais potentiellement dangereux lorsqu'il s'agit de grands strongles.
Traitement et prévention
Beaucoup de vermifuges actuellement commercialisés pour les chevaux sont actifs contre les grands strongles. Par chance, contrairement à ce qu'il en est pour d'autres parasites (petits strongles, parascaris), il ne semble pas exister actuellement de résistance.
Classiquement, lorsqu'un cheval est exposé à un risque de contamination par les grands strongles, il est préconisé de le vermifuger deux fois par an avec une molécule active contre les larves de Strongylus vulgaris.
Une réduction du risque de contamination est possible en retirant les crottins des pâtures, en asséchant celles-ci (les prés humides sont favorables à la maturation des larves), en évitant le surpâturage qui favorise l'ingestion de végétaux souillés.