vermifugation vermifuge cheval
Que ce soit pour limiter le risque de résistances des vers aux vermifuges, pour des raisons économiques ou environnementales, la vermifugation du cheval doit être un acte soigneusement réfléchi. © C. Lebis
 

Problèmes actuels liés aux vermifuges

La médecine vétérinaire a profité depuis 50 ans de la mise à disposition de vermifuges très efficaces et polyvalents, c'est-à-dire actifs contre la plupart des vers parasites du cheval. Mais depuis quelques années, des résistances à certaines molécules sont apparues, notamment pour les ascaris, les petits strongles et les oxyures.

Deux facteurs contribuent à l'apparition de ces résistances :

  • Le sous-dosage : certains propriétaires ont tendance à sous-évaluer le poids de leur cheval et à donner une dose de vermifuge insuffisante. Parfois aussi une partie du vermifuge n'est pas avalée par l'animal. Conséquence : les parasites ne sont pas tous détruits et les plus résistants survivent et se multiplient.

    Important : lorsque vous devez vermifuger votre cheval…
    • Ne sous–estimez pas son poids ! Vous trouverez sur le site de l'IFCE un outil d'aide à l'évaluation du poids par mesure du périmètre thoracique à l'aide d'un mètre-ruban.
    • Faites attention à ce que tout le vermifuge soit bien avalé par votre cheval. S'il en recrache, si une partie tombe au sol, la vermifugation n'est pas correcte et devra être complétée. Pour limiter ce risque, vérifier bien que la bouche de votre cheval est vide avant de lui donner le vermifuge.
  • La vermifugation trop fréquente : l'utilisation répétée des molécules anthelminthiques contribuent à la sélection des parasites résistants. Il n'est plus question de vermifuger à tout va comme on le faisait par le passé. Aujourd'hui, l'objectif est de vermifuger à bon escient, le moins possible, et seulement les chevaux qui en ont besoin.

Le plan de vermifugation dans un effectif de chevaux, ou même pour un cheval isolé, doit être discuté avec le vétérinaire et prendre en compte les risques d'exposition des animaux aux divers parasites, ainsi que le risque pour leur santé. Ainsi, le vétérinaire, en accord avec le propriétaire, pourra mettre en place un plan de vermifugation sélectif pour lutter contre les petits strongles chez les chevaux adultes (lien) et un plan de vermifugation stratégique pour tous les autres cas (lien).

Plan de vermifugation sélective contre les petits strongles

Les petits strongles sont des vers chez qui la résistance aux vermifuges devient problématique. Afin de lutter contre ce phénomène et de permettre le développement dans l'environnement de petits strongles non résistants aux vermifuges, une vermifugation sélective peut être proposée par le vétérinaire.

  • Elle ne concerne que les chevaux adultes : le risque de cyathostomose larvaire ne peut être négligé chez les jeunes chevaux.
  • Elle ne concerne que les petits strongles : si des grands strongles, vers les plus dangereux pour les chevaux, sont présents dans l'élevage, il est préférable d'opter pour une vermifugation stratégique.
  • Elle consiste à effectuer des examens de crottin régulièrement : 4 fois par an la première année, puis 3 fois par an.
  • Seuls les animaux montrant un grand nombre d'œufs de strongles à l'examen sont vermifugés (plus de 200 œufs par gramme de crottin).
  • L'efficacité du vermifuge utilisé est testée en pratiquant un nouveau comptage dans le crottin après vermifugation, afin de vérifier que le nombre d'œufs a significativement diminué.

Cette vermifugation sélective n'empêche pas bien sûr de traiter les animaux contre les autres parasites éventuellement présents dans l'élevage, dont particulièrement Parascaris et les ténias. Elle implique également le placement en quarantaine stricte des chevaux nouvellement arrivés, afin qu'ils ne contaminent pas l'environnement avec leurs propres souches de petits strongles résistants.

Il est également très important de savoir si les chevaux de l'élevage sont exposés ou non aux grands strongles. Faire la différence entre les œufs de petits et de grands strongles est difficile : cela ne peut être fait qu'en laboratoire spécialisé, en associant mise en culture et PCR. De plus, c'est sous leur forme larvaire, c'est-à-dire avant qu'ils pondent des œufs, que les grands strongles sont le plus dangereux. Le danger peut donc être réel, même en l'absence d'œufs dans les selles.

En cas de doute sur la présence de grands strongles dans l'environnement, on vermifugera systématiquement en fin d'année les chevaux qui n'ont pas été traités ou qui n'ont pas fait l'objet d'examen des crottins pendant la saison de mise à l'herbe, avec un vermifuge actif contre les larves de grands strongles.

Plan de vermifugation stratégique

Un plan de vermifugation stratégique est un plan de vermifugation plus classique, basé sur l'âge des chevaux et sur leur mode de vie, actualisé en prenant en compte les risques de résistances parasitaires.

Plan de vermifugation stratégique des poulains

  • On considère que tous les poulains ont un accès à l'herbe permanent ou au moins occasionnel.
  • Les risques les plus importants pour ces poulains sont Parascaris, les grands strongles et les petits strongles.
  • La réalisation régulière de coproscopies (examen des crottins au microscope) permet d'évaluer la présence de divers parasites dans l'élevage : strongles, Parascaris, anguillulose (Strongyloides westeri), ténias. Cela permet une vermifugation plus ciblée.
  • L'idéal est de faire un suivi individuel par coproscopie, mais pour des raisons économiques, il est possible de faire des coproscopie groupées (mélange de crottins de plusieurs poulains). En effet, si un poulain présente des œufs de vers dans les selles, il faut dans tous les cas considérer que tous les poulains sont potentiellement contaminés.
  • A cause des risques de résistances, il est conseillé d'effectuer des tests d'efficacité des vermifuges contre Parascaris et les petits strongles en recontrôlant les crottins après vermifugation.
  • Le plan de vermifugation proposé est un plan général, qui devra être adapté à chaque élevage, sur conseil du vétérinaire.
Recommandations de vermifugation pour tous les poulains
Âge
Cibles
Commentaires
A l'âge de 4 semaines
Anguillulose (Strongyloides westeri)
Ne traiter que si la présence de S. westeri a été démontrée par coproscopie dans l'élevage
A 2 mois
Petits strongles, Parascaris, grands strongles (stades larvaires)
Surveillance par coproscopie conseillée à 3 mois. Contrôle de l'efficacité du traitement recommandé.
A 5 mois
Petits strongles, Parascaris spp., éventuellement ténias
Surveillance par coproscopie conseillée. Contrôle de l'efficacité du traitement recommandé. Ne traiter contre les ténias que si leur présence dans l'élevage a été constatée.
A 8 mois
Petits strongles, Parascaris, grands strongles, éventuellement ténias et gastérophiles
Surveillance par coproscopie conseillée. Contrôle de l'efficacité du traitement recommandé. Ne traiter contre les ténias que si leur présence dans l'élevage a été constatée.

Plan de vermifugation des jeunes chevaux de 1 à 4 ans

  • Les risques les plus importants pour les jeunes chevaux sont Parascaris, les grands strongles et les petits strongles.
  • L'exposition aux parasites est dépendante du mode de vie. Les chevaux en pâture ou en paddock sont plus exposés que les chevaux en boxe. Le plan de vermifugation proposé concerne les jeunes ayant un accès régulier à l'extérieur. Il peut être allégé pour les chevaux en boxe.
  • La réalisation régulière de coproscopies (examen des crottins au microscope) permet d'évaluer la présence de divers parasites dans l'élevage : strongles, Parascaris, ténias. Cela permet une vermifugation plus ciblée.
  • L'idéal est de faire un suivi individuel par coproscopie, mais pour des raisons économiques, il est possible de faire des coproscopie groupées (mélange de crottins de plusieurs chevaux). En effet, si un jeune cheval présente des œufs de vers dans les selles, il faudra de toute façon considérer que tous les jeunes chevaux vivant avec lui sont contaminés.
  • A cause des risques de résistances, il est conseillé d'effectuer des tests d'efficacité des vermifuges contre Parascaris et les petits strongles en recontrôlant les crottins après vermifugation.
Recommandations de vermifugation pour tous les jeunes chevaux
Période
Cibles
Commentaires
A 12 mois (printemps)
Petits strongles, Parascaris
Surveillance par coproscopie conseillée. Contrôle de l'efficacité du traitement recommandé.
En début d'été
Petits et grands strongles, Parascaris
Surveillance par coproscopie conseillée. Contrôle de l'efficacité du traitement recommandé.
Fin d'été, début d'automne
Petits strongles, Parascaris, éventuellement ténias
Surveillance par coproscopie conseillée. Contrôle de l'efficacité du traitement recommandé.
Fin d'automne
Petits et grands strongles, Parascaris, éventuellement ténias et gastérophiles
Surveillance par coproscopie conseillée. Contrôle de l'efficacité du traitement recommandé.

Plan de vermifugation des chevaux adultes

  • Les risques les plus importants pour les chevaux adultes sont les grands strongles et les petits strongles.
  • L'exposition aux parasites est dépendante du mode de vie. Les chevaux en pâture ou en paddock sont plus exposés que les chevaux en boxe. Les risques d'infestation par les strongles à l'écurie est faible. Le plan de vermifugation proposé concerne les animaux ayant un accès régulier à l'extérieur. Il peut être allégé pour les chevaux en boxe.
  • La réalisation régulière de coproscopies (examen des crottins au microscope) permet d'évaluer la présence de strongles et de ténias dans l'élevage. Elle permet une vermifugation plus ciblée, à la fois sur les espèces de parasites traités et sur certains chevaux plus excréteurs que d'autres. Ainsi le schéma de base proposé comporte de 2 à 4 vermifugations annuelles en fonction des résultats de l'examen coproscopique.
  • A cause des risques de résistances, il est conseillé d'effectuer des tests d'efficacité des vermifuges contre les petits strongles en recontrôlant les crottins après vermifugation.
Recommandations de vermifugation pour les chevaux adultes
Période
Cibles
Qui traiter
Commentaires
Février /mars
Petits strongles
Les chevaux dont la coproscopie est positive. Facultatif pour les chevaux à l'écurie.
Surveillance par coproscopie, et test de l'efficacité du vermifuge recommandé.
Juin /juillet
Petits et grands strongles
Tous les chevaux ayant accès à l'herbe ou à un paddock.
Surveillance par coproscopie conseillée.
Août /septembre
Petits strongles, éventuellement ténias
Les chevaux dont la coproscopie est positive. Facultatif pour les chevaux à l'écurie.
Surveillance par coproscopie, et test de l'efficacité du vermifuge prescrit.
Novembre /décembre
Petits et grands strongles, éventuellement ténias et gastérophiles
Tous les chevaux, sans oublier les chevaux qui n'ont pas été traités pendant la belle saison avec un vermifuge actif contre les larves de grands strongles.
Surveillance par coproscopie conseillée.

 

Plan de vermifugation des poulinières

Le protocole de vermifugation est identique à celui des autres chevaux adultes. Il existe cependant quelques points particuliers :

  • Si l'anguillulose (Strongyloides westeri) est présente dans l'élevage, il est conseillé de vermifuger les poulinières 24 à 48 heures après le poulinage.
  • Une coproscopie est conseillée afin de vérifier l'absence d'œufs de Parascaris, la poulinière pouvant être une source de contamination du poulain.