Le parasite

La leishmaniose est une maladie provoquée par un parasite microscopique injecté dans l'organisme d'un animal ou d'un humain par un petit insecte ailé, le phlébotome.

Il existe différentes espèces de parasites responsables de la leishmaniose à travers le monde. En Europe, il s'agit de Leishmania infantum.

Leishmanies dans un globule blanc de chien

Le parasite Leishmania infantum observé au microscope à l'intérieur d'un globule blanc (Photo Centers for Disease Control and Prevention).

 

Leishmania infantum, parasite à l'origine de la leishmaniose en Europe pénètre l'organisme de l'hôte à l'occasion de la piqûre d'un petit insecte, le phlébotome. Les leishmanies ainsi transmises se multiplient dans l'organisme et peuvent se retrouver dans tous les organes de l'animal parasité : peau, ganglions lymphatiques, rate, foie, moelle osseuse, etc.

 

Le chien est la principale espèce parasitée par Leishmania infantum, mais ce parasite est également retrouvé chez de nombreuses espèces de mammifères, comme le chat, le renard, le  loup… Il peut également être parasite de l'Homme, avec de graves conséquences (Les risques pour l'Homme).

Cycle de vie et répartition géographique

La contamination se fait dans l’immense majorité des cas* lors de la piqûre d'un petit insecte piqueur, le phlébotome. Lorsque le phlébotome pique son hôte pour se nourrir de son sang, il lui injecte, s'il en est porteur, les leishmanies. Les phlébotomes deviennent porteurs de leishmanies en se nourrissant sur un animal malade. A priori seul le chien, et peut-être les canidés sauvages comme le renard et le loup, et éventuellement le chat, peuvent contaminer les phlébotomes. Ce n’est pas le cas de l’Homme.

* Il a été démontré qu'une chienne pouvait transmettre la leishmaniose à ses petits pendant la gestation. La transmission par morsure pourrait également être possible, en restant probablement exceptionnelle.

Cycle leishmaniose chien homme

Schéma du cycle de vie du parasite responsable de la leishmaniose (c. Lebis, ESCCAP).

Le phlébotome, agent vecteur de la leishmaniose

Le phlébotome est un petit insecte ailé dont la femelle pique les mammifères pour se nourrir (photo Luis Fernández García).

 

La répartition géographique de la leishmaniose est dépendante de la présence de phlébotomes dans l'environnement. Les phlébotomes, qui aiment la chaleur, sont largement répandus en région méditerranéenne, en Afrique et au Moyen-Orient. Présents dans tout le sud de la France, ils peuvent être parfois retrouvés au nord, et localement dans le sud de l’Allemagne ou le sud de la Suisse.

 
Carte d'Europe de la zone d'enzootie de la leishmaniose du chien
La leishmaniose canine en France
 

De nos jours, deux facteurs ont tendance à augmenter les risques d'attraper une leishmaniose en dehors des zones habituelles :

  • le réchauffement climatique qui permet l'extension des zones de vie des phlébotomes vers le nord ;
  • les moyens de transport (train, avion, voiture) qui permettent la migration des phlébotomes sur de longues distances, en leur donnant l'occasion de s'implanter dans de nouveaux biotopes.

Heureusement, les phlébotomes ont besoin de conditions de vie assez précises : humidité, température minimale de 18 à 22 °C, vent faible, et semble-t-il présence de crottes de lapins ou de rongeurs (pour le développement de leurs larves). Ils sont actifs le soir, et passent la journée à l'abri dans des endroits sombres et humides (fissures, trous, caves, bâtiments d'élevage…). Ces besoins spécifiques expliquent pourquoi au sein d'une même région, la répartition des phlébotomes est inégale.

La leishmaniose chez le chien

La maladie

Le développement de la leishmaniose chez les chiens contaminés est très variable suivant les individus :

  • certains chiens vont éliminer naturellement le parasite ;
  • d'autres vont être porteurs sans exprimer aucun signe de maladie ;
  • d'autres enfin vont exprimer la maladie à des degrés divers.

Quand ils apparaissent, les signes de leishmaniose peuvent survenir de 2 mois à 8 ans après la piqûre du phlébotome. La maladie se traduit par des lésions de peau, parfois discrètes, parfois spectaculaires, accompagnées ou non d'atteintes des organes internes. Certains chiens ne souffriront donc que de quelques croûtes, d'autres d'ulcérations importantes et d'autres d'atteintes graves de l'organisme, avec amaigrissement, anémie, troubles oculaires, insuffisance rénale… La maladie évolue sur plusieurs mois ou plusieurs années, parfois par crises, jusqu'au décès de l'animal.

Le premier signe observé, avant même la dissémination des leishmanies dans l’organisme, est en général une lésion cutanée transitoire due à la piqûre du phlébotome infectant. Les sites habituels de piqûre des phlébotomes sont la face externe du pavillon de l’oreille et le chanfrein. Ces lésions locales passent souvent inaperçues ou sont confondus avec des simples lésions de piqûre de tiques ou d’insectes. Il s’agit d’une lésion unique ou multiple, ulcérative, appelée « chancre d’inoculation »  se présentant sous l'aspect d'un ulcère à bord érythémateux. Les lésions d'inoculation peuvent persister plusieurs mois et disparaissent spontanément. Durant cette période, les chiens demeurent séronégatifs. Ultérieurement, près de 25% des chiens deviennent séropositifs, et la maladie devient patente et se généralise.

Leishmaniose du chien : lésions de la tête

Lésions cutanées étendues de leishmaniose canine, avec perte de poils, pellicules, ulcérations, croûtes (photo Jacques Lamothe).

 
Leishmaniose canine généralisée

Lésions cutanées sur l'ensemble du corps avec apparition de grandes pellicules grises et atteinte de l'état général. L'amaigrissement est marqué (photo Parasitologie, EnvA).

 

Traitement

Il n'existe malheureusement pas de traitement définitif de la leishmaniose chez le chien. Il est possible d'améliorer très notablement l'état des malades, mais, même si tous les signes de la maladie disparaissent, le chien reste porteur du parasite. C'est pourquoi un chien leishmanien doit être suivi par un vétérinaire toute sa vie.

Au cours de ce suivi, des prises de sang effectuées régulièrement permettront de surveiller le bon fonctionnement des organes internes (particulièrement les reins) et la diminution de la quantité de parasites dans l'organisme (corrélée à l'abaissement du taux d'anticorps dans le sang). Le traitement sera alors adapté au cas par cas en fonction de l'évolution. Il peut parfois être suspendu pendant plusieurs mois.

Protéger son chien

Les possesseurs de chiens habitant dans les régions à risque ou se rendant dans ces régions avec leur animal au cours d'un déplacement (vacances, chasse) ont tout intérêt à essayer de le protéger contre cette maladie. La prévention repose sur deux axes : éviter les piqûres des phlébotomes, vecteurs de la leishmaniose, et faire vacciner.

Limiter les contacts avec les phlébotomes

Plusieurs moyens peuvent être mis en œuvre afin de limiter les risques de piqûre des animaux par les phlébotomes :

  • Appliquer régulièrement des produits répulsifs et/ou insecticides sur les chiens. Ils existent sous différentes formes : spray, pipettes, colliers. Ils sont à utiliser pendant toute la saison d'activité des phlébotomes, c'est-à-dire dès le mois d'avril et jusqu'à fin novembre. Quel produit utiliser ? Il faut en discuter avec votre vétérinaire, qui vous prescrira la molécule et la forme la plus adaptée à votre animal, en fonction de son âge, de son mode de vie et du risque d'exposition.
  • Ne pas promener les animaux dans les endroits où l'environnement est favorable à la présence de phlébotomes (présence de murs de pierre sèche, endroits humides et abrités).
  • Ne pas sortir les animaux aux périodes d'activité des phlébotomes, c'est-à-dire du soir jusqu'au petit matin.
  • Limiter la pénétration des phlébotomes à l'intérieur des habitations, en fermant les fenêtres la nuit ou en les dotant de moustiquaires (mailles très fines de 0,3-0,4 mm²), ou encore en plaçant un ventilateur dans les pièces de couchage.
La vaccination

Un vaccin est disponible en France. Son protocole d'utilisation nécessite de tester l'animal avant la première injection afin de s'assurer qu'il n'est pas déjà porteur du parasite. S'il est négatif, il reçoit une première vaccination, puis une injection de rappel une fois par an. Attention, la vaccination réduit les risques de développer la leishmaniose, mais n'assure pas une protection à 100%. Il est nécessaire de prendre les mêmes précautions (insecticides, pas de promenades la nuit…) chez les animaux vaccinés que chez les non-vaccinés.

Dois-je faire vacciner mon chien contre la leishmaniose ? Il n'y a pas de réponse unique à cette question. De nombreux facteurs entrent en ligne de compte, dont bien sûr le risque réel d'exposition à la maladie. Cette question doit être débattue avec votre vétérinaire, et la décision prise au cas par cas.

La leishmaniose chez le chat

Jugée par le passé comme une maladie rare chez le chat, la leishmaniose féline pourrait être en fait assez fréquente dans les départements où la maladie est très présente. Il semble que les formes cutanées (nodules, ulcérations, croûtes au niveau du nez, des oreilles, des paupières…) prédominent, mais le parasite peut également être à l'origine d'atteintes des organes internes.

Certains spécialistes considèrent que la leishmaniose féline est une maladie émergente en France, et qu'il faut y penser lorsqu'un chat vivant ou ayant voyagé en région à risque présente des problèmes de peau compatibles avec cette maladie.

Les risques pour l'Homme

Leishmania infantum, le parasite responsable de la leishmaniose chez le chien, est transmissible à l'Homme (la leishmaniose fait donc partie des maladies appelées « zoonoses »). La transmission se fait par l'intermédiaire d'un phlébotome, insecte piqueur, qui s'est préalablement contaminé en se nourrissant sur un chien malade.

Leishmania infantum est responsable chez l'Homme de la leishmaniose viscérale, provoquant fièvre, faiblesse, anémie, perte de poids, atteinte du foie et de la rate. L'issue de la maladie peut être mortelle. Il existe heureusement des traitements efficaces contre cette maladie chez l'Homme, et la plupart des patients traités guérissent définitivement.

La leishmaniose viscérale touche essentiellement les enfants et les personnes immunodéprimés (VIH, traitements anticancéreux). En France, quelques dizaines de cas sont rapportés chaque année. Le chien est une source de leishmanies pour l'Homme, par l'intermédiaire du phlébotome. Un chien atteint de leishmaniose évoluant dans un milieu où les phlébotomes sont présents représente donc un réel danger pour les humains. Dans ce cas, pour protéger les enfants ou les personnes fragilisées vivant à proximité, il peut être préférable de ne pas traiter l'animal –lequel restera porteur du parasite toute sa vie – et d'envisager son euthanasie.