La dirofilariose cardiopulmonaire des chiens et des chats, parfois appelée "maladie du ver du coeur", est due à des vers (nom scientifique : Dirofilaria immitis, groupe des filaires) dont les adultes vivent dans les artères pulmonaires (grosses artères partant du cœur) et même parfois dans la partie droite du coeur lui-même.
Il s'agit d'une maladie d'évolution lente mais grave, car elle peut être à l'origine d'une insuffisance cardiaque invalidante et de la mort subite des animaux.
Les espèces les plus souvent parasitées par le ver Dirofilaria immitis sont les carnivores domestiques et sauvages, donc le chien, le chat et le furet, mais aussi le renard ou encore le loup. Le parasite peut également être transmis à d'autres mammifères, mais dans ce cas, il n'atteint pas le stade adulte et est éliminé naturellement.
La transmission du ver parasite se fait par piqûre de moustique. Les vers adultes présents dans le système circulatoire des animaux parasités donnent naissance à des larves appelées microfilaires. Les microfilaires, libérées dans la circulation sanguine, peuvent être ingérées par un moustique au moment où celui-ci pique pour se nourrir. Deux semaines plus tard, quand l'insecte piquera un nouvel animal, il sera alors susceptible de lui injecter des larves du parasite et ainsi de le contaminer à son tour.
Cycle de vie de Dirofilaria immitis (d'après Anka Friedrich, licence Creative Commons).
Beaucoup d'espèces de moustiques sont susceptibles de servir de vecteurs à la dirofilariose cardiopulmonaire (dont le fameux moustique-tigre, agent de transmission du virus du chikungunya à l'Homme, présent à la Réunion, à Mayotte et au Antilles, et dans plusieurs départements de France métropolitaine.
La propagation du parasite est dépendante de nombreux facteurs environnementaux dont bien sûr la présence de nombreux moustiques. Sous nos latitudes, les régions où les risques sont les plus élevés sont l'Europe du sud (Portugal, Espagne dont les îles Canaries, sud de la France, Italie, pays des Balkans, Grèce, République tchèque, Bulgarie, Roumanie) ainsi que l'Afrique du Nord. La maladie est également très fréquente aux Antilles (Guadeloupe, Martinique), en Guyane et à la Réunion.
Répartition géographique des cas de dirofilariose cardiopulmonaire des carnivores en France (d’après Bourdeau et al. 2008 © ESCCAP France).
Zones approximatives d'enzootie de Dirofilaria immitis en Europe (ESCCAP France).
Attention, il est tout à fait possible que des chiens et des chats se déplaçant dans les zones à risque, lors de vacances par exemple, soient contaminés et contribuent ensuite à l'extension de l'aire de répartition du parasite. De même, le réchauffement climatique, favorable au cycle de vie des moustiques, pourrait être un facteur d'extension des zones à risque.
Les premiers signes ne sont visibles que très longtemps après la contamination par la piqûre de moustique, plusieurs années pouvant être nécessaires à l'apparition des troubles respiratoires et cardiaques. Il apparaît d'abord une toux, accompagnée de difficultés respiratoires plus ou moins marquées. Le chien s'affaiblit et peut faire des syncopes à l'exercice. Les signes d'insuffisance cardiaque droite sont tardifs. Il s'agit d'un gonflement oedème) de l'abdomen et des pattes.
Si l'évolution de la maladie cardiaque peut amener à terme au décès du malade, il faut savoir qu'un chien atteint de dirofilariose cardiopulmonaire peut également mourir soudainement. La présence des vers adultes dans le système sanguin peut en effet provoquer à tout moment la formation d'un caillot susceptible d'obstruer une artère ou une veine vitale. Ce risque est particulièrement augmenté au moment de la mort des vers adultes (ils survivent 5 à 7 ans chez le chien).
Présence d'un grand nombre d'adultes de Dirofilaria immitis ans le coeur droit d'un chien mort de dirofilariose cardiopulmonaire. Il s'agit d'un cas exceptionnel en France métropolitaine, les adultes étant en général en nombre limité chez l'hôte (Alan R. Wlaker, Creatives Commons).
Le diagnostic définitif de dirofilariose cardiopulmonaire ne peut être posé qu'après avoir fait des examens complémentaires. Les principaux sont la recherche des larves ou des antigènes parasitaires dans le sang, et l'échographie, laquelle permet parfois de voir les filaires dans les gros vaisseaux sanguins ou dans le cœur. Malheureusement, tous ces tests souffrent d'une même faiblesse : quand ils sont positifs, ils montrent que l'animal est bien atteint de dirofilariose, mais quand ils sont négatifs, il n'est pas possible de conclure à l'absence de la maladie. C'est pourquoi il est souvent nécessaire de les associer et de les répéter.
Il existe des médicaments efficaces contre les vers adultes et leurs larves, mais, comme la mort des parasites adultes peut entraîner un état de choc gravissime pour le malade, le traitement doit être progressif et s'étaler sur plusieurs mois. Il se déroule en plusieurs phases, avec une utilisation séquentielle de différents produits.
Un élément essentiel permet de limiter les risques de choc chez le chien en traitement : la mise au repos absolu. Elle peut être nécessaire pendant toute la durée du traitement, et dans certains cas, il est préférable de garder l'animal en cage pendant plusieurs semaines. Ce n'est drôle pour personne, mais cela peut lui sauver la vie.
Pour ne pas en arriver là et limiter les risques de contamination, il est nécessaire de prendre un certain nombre de précautions pour protéger les chiens vivant dans une région à risque ou y voyageant :
La dirofilariose cardiopulmonaire existe également chez le chat, mais sa fréquence dans les zones à risque est 10 fois plus faible que chez le chien. Chez le chat, les parasites adultes présents dans l'appareil circulatoire sont peu nombreux (2 à 4), et beaucoup d'animaux ne présentent pas ou peu de signes cliniques. La guérison spontanée n'est pas rare, les vers parasites ne survivant pas plus de 2 ans.
Cependant, une évolution négative est toujours possible, selon différentes formes :
Comme chez le chien, le diagnostic repose sur la réalisation d'examens complémentaires. Chez le chat, l'échographie permet de voir les filaires dans la circulation sanguine dans la plupart des cas, il s'agit donc d'un examen à conseiller fortement.
Chez le chat, il est déconseillé de chercher à détruire les vers adultes, car leur mort peut aussi provoquer celle du chat ! Il est préférable de donner un traitement permettant d'améliorer l'état de l'animal et de le soutenir jusqu'à l'élimination naturelle du parasite.
Il est par contre tout à fait possible et conseillé de traiter les malades contre les larves avec des médicaments spécifiques, ces médicaments pouvant également être utilisés en prévention chez les chats vivant ou étant amenés à se déplacer dans une région à risque. Les traitements préventifs se font suivant le même rythme que chez le chien, c'est-à-dire une fois par mois, sur prescription d'un vétérinaire.