À propos des puces

Les puces (Siphonaptères = Aphaniptères) sont des insectes piqueurs, aptères, aplatis latéralement et parasites obligatoires (à l’état adulte) des mammifères et des oiseaux.

Les œufs et les stades larvaires se trouvent dans l’environnement et ne sont pas parasites. L’infestation par des puces est dénommée pulicose.

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Les espèces

En France, les espèces de puces les plus couramment rencontrées sont Ctenocephalides felis chez le chat, le chien et le furet et C. canis chez le chien. Plus rarement, il est possible de retrouver Archaeopsylla erinacei (puce du hérisson), Ceratophyllus gallinae, Echidnophaga gallinacea (puces des oiseaux), Spilopsyllus cuniculi (puce du lapin) et Pulex irritans (puce de l’homme).

Les puces peuvent être vectrices d’agents pathogènes. Pour Ctenocephalides felis, la puce du chat, ceux-ci incluent Rickettsia felis et Bartonella henselae, l’agent de la maladie des griffes du chat. C. felis et C. canis sont toutes deux hôtes intermédiaires du cestode Dipylidium caninum. Les puces peuvent piquer les humains et provoquer des lésions cutanées prurigineuses.

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Le cycle évolutif des puces et les conséquences épidémiologiques

Tête de puce au microscope électronique

Tête de puce

Puce du chien et du chat  au microscope électronique

Puce adulte

Oeuf de puce  au microscope électronique

Oeuf de puce

larve-puce-chien-chat  au microscope électronique

Larve de puce

 
Cycle de reproduction des puces
  1. Les puces sont des insectes mesurant quelques mm, aptères, aplatis latérolatéralement, et possédant une 3e paire de pattes robustes permettant le saut. Les pièces buccales sont adaptées pour percer la peau et aspirer le sang des mammifères ou des oiseaux.

    Une fois émergés du cocon, les adultes mâles et femelles recherchent activement un hôte, en l’absence duquel ils ne peuvent survivre que quelques jours. Après le premier repas de sang, ils deviennent dépendants et ont besoin d’un repas sanguin quotidien pour survivre.

    Ils demeurent sur le même hôte jusqu’à la fin de leur vie. La longévité maximale est de 160 jours, mais, bien souvent, les puces persistent seulement 1 à 3 semaines, victimes du toilettage de l’hôte.
  2. La production des oeufs et la ponte ont toujours lieu sur l’hôte pour C. felis. La puce femelle est capable de pondre en moyenne 20 oeufs par jour (maximum 40 à 50 oeufs).

    La reproduction et la ponte ont lieu très rapidement (dans les 48 heures suivant le début de l’infestation). Une fois pondus, les oeufs blancs nacrés (0,5 mm de long) tombent sur le sol. Après quelques jours, la larve éclot.
  3. Les larves se nourrissent de débris comme des squames, des déjections de puces et des débris alimentaires présents dans l’environnement.

    Il existe 3 stades larvaires. Les larves (plus particulièrement les larves L3) ont tendance à fuir la lumière et recherchent des lieux dissimulés comme à la base des fibres de tapis ou de moquettes, sous les plinthes, dans les fentes de plancher.
  4. Une fois pleinement développée, la larve tisse un cocon dans lequel se forme la nymphe. La nymphe donne naissance à une puce adulte dans le cocon.

    L’émergence de l’adulte dépend de stimuli extérieurs comme la teneur en CO2, les vibrations, la pression ou l’augmentation de température. L’adulte peut émerger immédiatement du cocon ou est capable d’attendre plusieurs mois en l’absence de stimuli appropriés.
 

La survie et le développement des puces dans l’environnement sont fortement dépendants des conditions environnementales : au moins 40 à 60% d’humidité relative sont nécessaires pour la survie des stades larvaires car ce sont les stades les plus sensibles à la dessiccation.

Le développement des œufs en larves puis en adultes dans des conditions environnementales idéales peut être de seulement 14 jours. La durée maximale d’évolution est de 140 jours. Les puces sont bien adaptées aux environnements intérieurs. De ce fait, les immeubles ou les maisons avec une température constante tout au long de l’année permettent le développement des puces indépendamment de la saison.

Cependant, du printemps à l’automne, les formes immatures des puces ont la possibilité de se développer à l’extérieur dans des endroits propices, ce qui peut expliquer en partie l’augmentation de la prévalence constatée à partir du printemps.

 

L’espèce C. felis est la plus fréquemment retrouvée chez les carnivores domestiques, mais sa spécificité d’hôte n’est pas absolue et on la trouve sur divers animaux domestiques comme les lapins, les furets, aussi bien que sur d’autres mammifères domestiques ou sauvages. Les animaux non traités (les chiens, les chats et les autres hôtes) peuvent donc être des sources d’infestation. Le plus souvent ils contaminent l’environnement par des œufs et les infestations surviennent à partir d’adultes nouvellement émergés de leur cocon. Beaucoup plus rarement, ils peuvent être des sources directes de parasites, en particulier lorsque d’autres animaux ont été en contact étroit avec eux.

Le développement et la survie des stades larvaires en dehors de l’hôte dépendent des conditions environnementales. La vitesse de développement augmente avec la température ; de ce fait, le développement dans le milieu extérieur a tendance à être saisonnier. Les environnements extérieurs favorables au développement des puces sont légèrement humides et ombragés.

La puce adulte dans le cocon (adulte pré-émergé) est protégée des changements de conditions environnementales. Elle échappe également à l’action des insecticides appliqués dans les locaux. L’adulte pré-émergé peut ainsi survivre durant une longue période (> 6 mois).

L’infestation d’un chien ou d’un chat par des puces autres que C. felis ou C. canis indique un contact rapproché avec l’environnement d’un autre type d’animal. Par exemple, la puce Archaeopsylla erinacei peut être observée occasionnellement sur un chien ou un chat après un contact direct avec des hérissons ou après avoir séjourné dans un jardin fréquenté par des hérissons.

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Le rôle pathogène des puces

Le niveau d’infestation des chiens, des chats ou des petits mammifères par les puces est très variable : les animaux peuvent être porteurs d’un petit nombre de puces ou, beaucoup plus rarement en France, présenter des infestations massives (plusieurs centaines de puces). Le comportement de toilettage de l’animal (particulièrement des chats) a une influence directe sur le nombre de puces adultes et leur longévité. L’apparition de signes cliniques dus à l’infestation par les puces dépend des facteurs suivants :

  • la fréquence de l’exposition aux puces,
  • la durée de l’infestation par les puces,
  • le degré d’hypersensibilité,
  • la présence d’une infection secondaire ou d’une autre maladie cutanée concomitante.

Les animaux non sensibilisés peuvent n’avoir que peu ou pas de signes cliniques et ne présenter qu’un prurit occasionnel. Les animaux très sensibles présentent des lésions cutanées érythémateuses, alopéciques et fortement prurigineuses.

Chez le chien, les lésions sont classiquement décrites en région dorsolombaire et à la base de la queue. Les lésions peuvent s’étendre aux cuisses et à l’abdomen. Une dermatite pyotraumatique, une séborrhée ou une pyodermite secondaire sont communément observées. Dans les cas chroniques, une lichénification est présente.

Chez le chat, l’infestation par les puces se traduit souvent par une dermatite miliaire, une alopécie extensive les diverses formes du complexe granulome éosinophilique.

L’infestation massive par un grand nombre de puces peut provoquer une anémie, particulièrement chez les animaux jeunes, âgés ou débilités.

Souvent, les chats ne présentent aucun signe clinique (et de ce fait ne sont jamais traités). Or, ils hébergent des puces et sont à l’origine de la contamination pérenne de l’environnement.

L’infestation par le cestode Dipylidium caninum peut être un indicateur d’une infestation présente ou récente par les puces. Le signe dit « du traîneau » peut révéler l’infestation par Dipylidium caninum.

Les signes cliniques déclenchés par le parasitisme des puces sont très variables et l’établissement d’une liste détaillée ne fait pas partie des objectifs de ce guide de recommandations. Pour cela, des ouvrages de Dermatologie vétérinaire doivent être consultés.

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La détection des puces et le diagnostic de la pulicose

Un historique détaillé peut être utile dans le diagnostic d’une infestation par les puces.

Les puces adultes ne sont facilement visibles à l’œil nu qu’en cas d’infestation massive ou pour des animaux au pelage clair et court. Le peignage complet et prolongé de l’animal est la méthode la plus sensible pour détecter les puces, alors qu’une recherche manuelle peut rester infructueuse.

En l’absence apparente de parasites adultes, des déjections de puces peuvent être détectées sur l’animal et dans les débris de peignage. Une fois ceux-ci déposés sur un papier ou un tissu blanc humide, les déjections de puces s’auréolent d’un cercle rouge de sang non digéré (leur observation au microscope permet leur identification précise). Il est parfois difficile de confirmer la présence de puces adultes sur un animal atteint de dermatite par hypersensibilité à la piqûre de puce (DHPP) car le toilettage constant enlève efficacement les preuves de leur présence. Cependant, la combinaison de la présence de puces (ou de leurs déjections) et de la bonne réponse au traitement insecticide, associée à l’élimination d’autres causes possibles, peut confirmer le diagnostic de DHPP. Il existe un certain nombre d’examens complémentaires, sans qu’aucun ne soit reconnu comme parfaitement spécifique ou sensible. Ces tests peuvent représenter une aide au diagnostic. Le diagnostic peut être encore plus compliqué, car les chiens atteints de DHPP sont assez fréquemment des sujets prédisposés à la dermatite atopique.

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